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La courbe du changement

 

On parle souvent d’un deuil en cas de décès d’un proche. Or, le deuil peut aussi concerner un licenciement, un départ en retraite, une faillite d’entreprise, la rupture d’un contrat de travail, le changement d’organisation au sein de l’entreprise…

Le deuil est donc lié à tout changement qui intervient dans notre vie.

  

Origine de la courbe du changement ?

Également appelée « la courbe du changement », la courbe du deuil est issue des travaux de la psychologue et psychiatre suisse Élisabeth Kübler Ross.

Elle fut une pionnière de l’approche des « soins palliatifs » pour les personnes en fin de vie, et, de l’accompagnement aux mourants. Elle a accompagné des milliers de personnes en fin de vie, et fut la première à étudier et formaliser les différents stades par lesquels passe une personne lorsqu’elle apprend qu’elle va mourir, mais également comment réagit l’entourage après le décès d’un proche.

 

Pourquoi accompagner le changement ?

Tout changement au sein de notre vie, tels qu’un changement de poste, la maladie, le changement de politique commerciale, un licenciement, l’arrêt soudain d’un projet, l’espoir de carrière déçu… ne se contente pas de transformer les organisations, les structures ou les processus.

Il pénètre également dans les vies de chaque individu, suscitant un éventail d’émotions (comme de la peur, de l’excitation, de la colère, de la tristesse, de l’injustice, de la frustration) et d’ajustements personnels.

Au sein des entreprises, on pourrait croire que si un  parvient à expliquer les raisons du changement aux individus qui en souffrent, ils pourraient être plus enclins à accepter cette situation difficile plus facilement. Or le changement ne se limite pas à la surface. Il plonge au cœur de chaque individu, suscitant des questionnements sur l’avenir, la pertinence personnelle et l’alignement avec les nouvelles directions de l’entreprise.

Le risque pour l’entreprise est que l’individu va véhiculer au sein de l’équipe ses sentiments négatifs (frustrations, colère…), qui vont avoir un impact sur les conditions de travail (ambiance, qualité…) et de performance. L’individu reste ainsi enfermé dans un schéma de pensées négatives qui l’empêchent d’avancer, de non-acceptation et de souffrance.

Reconnaître l’impact personnel du changement implique de fournir un soutien individualisé.

 

« Tout ce à quoi vous résistez, persiste »

Carl Jung

 

Qu’est-ce que la courbe du deuil ?

 Elle comprend les différentes périodes que traverse un individu lorsque survient un évènement imprévu. Ces étapes peuvent être regroupées en deux grands phases :

  • La première est la phase descendante au cours de laquelle l’individu adopte une attitude négative et souvent contre-productive, tournée vers le refus et le passé. C’est au cours de cette phase que l’on parle généralement de « résistance au changement ».
  • La deuxième phase est la phase ascendante au cours de laquelle l’individu adopte une attitude orientée vers le positif et le futur. La vie reprend le dessus.

 

Les 9 étapes du deuil

1.Le choc/la perte 

C’est le point de départ du cycle de deuil. Il s’agit d’un état de sidération face à l’annonce. Il marque donc le point de rupture de l’attachement à quelque chose, à quelqu’un, à une situation. Cela peut être un premier échec professionnel, une crise subie par l’entreprise, l’arrêt d’un projet, un décès… Cette étape est souvent de courte durée mais peut être plus longue pour certains individus.

2.Le déni

« Ce n’est possible, pas à moi, pas ça, je n’y crois pas, pas maintenant… ».

Le déni porte sur la perte elle-même. Il s’agit du refus de croire, voir, entendre, comprendre l’annonce qui a été faite. La personne dénie la réalité car à ce moment-là elle est trop violente pour elle. Cette étape sera d’autant plus fortement ressentie que l’attachement est rompu de façon soudaine, inattendue.

3.La colère et les marchandages

  • La colère

« Ce n’est pas juste, c’est la faute de, c’était mieux avant… ».

Ici il s’agit de la colère liée à la perte qui peut nous envahir. La personne va peut-être accuser les autres : l’employeur qui licencie, le manager, les promesses non tenues… La personne peut même se faire à elle-même des reproches.
Il est important de laisser sortir cette colère, car elle permet de s’exprimer sur ce qui se passe en soi.
La personne qui s’exprime aura besoin d’être entendue, écoutée.

  • Les marchandages :

-Evoquer d’autres options (si seulement…, j’aurais dû… »,
-Instaurer le silence (faire comme si cela n’avait jamais exister, ne pas en parler, instaurer des non-dits),
-Rechercher les erreurs commises ou les responsables,
-Minimiser la perte ou en réduire l’importance (ce n’est pas grave, cela devait arriver, c’est la vie…),
-Prendre la fuite (la personne se déleste de tout ce qui lui rappellerait son attachement),
-Se surmener en hyperactivité (se démener au travail, pratiquer du sport à outrance…),
-Trouver des justifications ou explications métaphysiques ou religieuses,
-S’octroyer ou réclamer des compensations matérielles et physiques (indemnités de licenciement, écarts de régime ou de tabac ou d’alcool).

Cette liste représente des marchandages ou des stratagèmes, qui peuvent être conscients ou inconscients. Ils permettent de combattre la réalité et ainsi ne pas ressentir la douleur du deuil.

Chaque type de marchandage permet de ne pas aborder l’étape la plus douloureuse pour la personne et ainsi éviter les sentiments désagréables qui accompagnent le deuil.
La bonne nouvelle : lorsque cesse le marchandage le travail de deuil reprend son cours et souvent se déroule en accéléré, comme si inconsciemment une partie du chemin se trouvait déjà parcourue.

4.La peur

« Qu’est-ce que je vais devenir, je ne pourrai jamais m’en sortir tout(e) seul, comme je vais faire face, que vont dire les autres de moi… ».

C’est le sentiment d’abandon, d’incapacité à faire face, de rejet qui fait apparaitre le monde comme une source de dangers insurmontables. Il y a la peur pour soi, la peur pour les autres. Il s’agit de la peur de la réalité qui nous amène à nous projeter dans un futur, qui est incertain voire inconnu. Dans cette étape, la personne a commencé à intégrer le fait que cela ne sera plus comme avant.
Face à ce sentiment, la personne aura besoin d’être rassurée, voire protégée.

Définir quelles sont ses ressources personnelles et prendre appui auprès d’elles permettra à la personne d’être rassurée.

5.La tristesse

« Je ne m’en remettrai jamais, à quoi bon… ».

A cette étape, la personne prend conscience que la perte est bien réelle. Il s’agit de faire le deuil du passé, du présent pour laisser place à un futur.
C’est un moment d’abattement, de chagrin incontrôlable.
C’est l’enfermement dans la douleur et le refus de voir que la vie peut apporter des bons moments aussi bien à soi que pour l’entourage.
Cette étape est décisive et difficile. La personne perd beaucoup d’énergie. Il est important de s’écouter, de prendre soin de son corps.

La personne aura besoin dans cette étape d’être réconfortée, d’être seule parfois.

6.L’acceptation

C’est la phase de sortie du « deuil ». La personne accepte la perte et décide de continuer sa route, d’avancer, d’aller de l’avant.
C’est l’acceptation d’un souvenir passé.
Dans cette étape c’est la personne qui vit le deuil qui passe en premier plan et non plus l’objet du deuil.

7.Le pardon

En premier vient le pardon à soi-même de n’avoir pas pu empêcher le deuil. La raison fait la part des choses, il n’y plus de place à la culpabilité ou la peur. Ensuite vient le pardon aux auteurs de la perte.

A cette étape cela signifie que la personne a dépassé le problème.

Le pardon apporte de l’apaisement.

8.Le cadeau caché

« Grâce au deuil, j’ai pu… ».

Il s’agit de reconnaitre et d’accepter que le deuil a permis de faire des choses non envisageables dans l’ancienne situation, avoir appris ceci ou cela. Il s’agit ici de comprendre le sens du changement.

9.La reconstruction/Le renouveau

Cette étape permet de se reconstruire à son rythme, de réorganiser sa vie et donc de reprendre un rythme de vie en lien avec les exigences de la société, de l’environnement, de ses ressources personnelles et de continuer à vivre.

La personne a fait la paix avec ce moment de vie qui a été douloureux et peut l’évoquer sans excès d’émotion.
La personne a retrouvé la joie, du plaisir, la sérénité.

La courbe du changement en schéma

Ces différentes étapes sont normales et légitimes. La durée d’un « deuil » est variable et chaque étape peut être plus ou moins longues. Ce qui est important à retenir c’est que chacun fait son deuil à son rythme et à sa façon.

 

L’approche consciente : deuil, changement et sagesse de la pleine conscience  

La vie est faite d’expansions (les naissances, l’achat d’une maison, un job épanouissant…) et de contractions (perte de travail, un décès, burnout…). Notre problème à nous les « humains », c’est que nous n’aimons pas vivre des contractions. On aimerait que tout soit toujours beau, toujours joli, toujours facile. Mais en réalité, cela serait contre nature.
Et oui le soleil se lève, le soleil se couche, il y a l’été et l’hiver, la floraison et la sécheresse.
Ainsi vont les cycles de la vie, où rien n’est permanent, tout change.

Face à ces changements, la pratique de la pleine conscience peut offrir des outils précieux pour naviguer à travers les émotions complexes qui accompagnent le processus.
L’un de ces outils repose sur la loi de l’impermanence, où rien dans ce monde n’est permanent.
Le changement est permanent autour de nous et à l’intérieur de nous.

Avoir conscience de la loi de l’impermanence aide à affronter les changements (personnels et professionnels) sans résistance et donc avec une moindre souffrance…

 

 

Pour plus de ressources, visitez :

L’échelle du burnout ou épuisement au travail : https://lessens-iletelle.fr/burn-out/

Le syndrome de l’imposteur : https://lessens-iletelle.fr/syndrome-de-l-imposteur/